Les mille nuits

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Les mille nuits - I
Les mille nuits - II
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Les mille nuits - VI

Les mille nuits - I

Les mille nuits - I
Les mille nuits - INameLes mille nuits - I
Type (Ingame)Objet de quête
FamilyBook, Les mille nuits
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DescriptionUn chercheur errant a autrefois traversé forêts tropicales, déserts et villes pendant une période de grande catastrophe, collectant de nombreuses histoires en cours de route. On dit que son œuvre originale contenait une quantité innombrable de contes et qu'il n'en reste aujourd'hui qu'une infime partie.
Conte de ceux sans ombre

Autrefois, sur le continent vivaient des personnes sans ombre.
Menant une vie simple, elles ne connaissaient rien du monde en dehors du lieu qui les abritait.
Et ce, jusqu'au jour où un aventurier égaré les découvrit. Les personnes sans ombre furent choquées de voir que cet aventurier était suivi de près par une amie fidèle et taciturne, et l'aventurier était également surpris d'apprendre l'existence de ces gens ne projetaient pas d'ombre sous le soleil.
« Je n'aurais jamais pensé faire une telle découverte, même dans mes rêves », dit l'aventurier.
« Des rêves ? Nous n'en faisons pas depuis longtemps », répondit l'une des personnes sans ombre. « Nos aînés nous ont dit que tous les rêves avaient déjà été faits. »
« Les secrets de l'âme sont cachés dans l'ombre. Vous n'avez pas d'ombre, c'est pourquoi vous ne rêvez pas », dit l'aventurier. « Peut-être que vous en aviez eu autrefois, tout comme vous faisiez des rêves. »
« Dans ce cas, où puis-je retrouver ce que j'ai perdu ? »
« La forêt est remplie de rêves. Les personnes capturant les rêves ont peut-être quelques-uns en trop pour vous partager. »
C'est ainsi que le jeune homme sans ombre quitta sa terre natale et se rendit dans la forêt dont l'aventurier avait parlé. Cette forêt était remplie d'ombres superposées : les ombres des nuages, les cimes des arbres... Même les petits oiseaux pouvaient projeter une ombre majestueuse sur le sol tendre.
Jour après jour, il traversa ces ombres superposées. Les secrets de l'âme étaient cachés dans les ombres, pensa-t-il, et face à tant de secrets, il était le seul qui n'en possédait aucun. Ce fut ainsi qu'un jour, il découvrit que tous les rêves lui étaient ouverts. Il n'avait pas de rêve, mais ce fut précisément pour cette raison qu'il pouvait entrer dans ceux des autres.
Il fut témoin de nombreux rêves : ceux des oiseaux avaient des couleurs éclatantes, ceux des tigres étaient parfumés, mais il n'avait jamais vu les personnes capturant les rêves, ni les rêves en trop dont on lui avait tant parlé. Les rêves et les ombres correspondaient bien à l'existence de cette réalité... L'aventurier l'avait sans doute trompé, les rêves sans maître n'existaient peut-être pas, tout comme il n'y avait pas d'ombre sans source, pensa-t-il.
Au moment où il était sur le point d'admettre sa défaite, une personne capturant les rêves le trouva. La rencontre eut lieu dans le rêve d'une conque. Il y entra au moment où celui-ci touchait à sa fin et rechercha les vagues blanches et le vent salé, mais il ne trouva rien dans son arrière-goût attristant.
« Tout comme cette conque, tu n'appartiens pas à cette forêt. »
Une femme lui parlait. Il se rendit compte rapidement que celle-ci était capable de capturer les rêves, comme l'aventurier lui avait dit, car son ombre avait une texture étrange et tachetée, telle une draperie incrustée des gemmes.
« Je vous ai cherchée », dit-il. « Peut-être avez-vous quelques rêves en trop... »
« Ils passent comme la rosée du matin... », dit la personne capturant les rêves d'un ton dépourvu de tristesse. « Les rêves sans maître ne conservent pas longtemps. J'ai tout essayé, mais ils ont tous fini par se dissiper. »
« ... Tu vois, tout comme cette conque... Nous devons partir. » Elle lui prit la main et le fit sortir de ce rêve évanescent où les vagues blanches et vent salé avaient disparu.
Près d'un ruisseau murmurant, elle lui raconta nombre d'histoires et lui apprit à entrer dans les rêves. Ensuite, elle le mit en garde à plusieurs reprises contre les tabous de la capture des rêves, comme ne jamais regarder les rêves des autres plusieurs fois, car leurs secrets étaient comme un puits sans fond.
« Les cauchemars sont plus rusés que tu l'imagines. Lorsqu'ils découvriront ce que tu fais, ils se jetteront sur toi pour t'entraîner vers les ténèbres. Tu ne pourras pas en sortir, car l'ombre d'ici n'a pas de limites. Si tu y restes assez longtemps, tu seras capable de distinguer des mots qui ont du sens dans le bruit qu'ils font. Ce sont des noms anciens qui s'attardent dans les souvenirs estompés et qui n'existent nulle part ailleurs. Enfin, comme tu le sais, on ne doit pas prononcer les noms des morts ou ils nous pourchasseront... »
« Je croyais qu'aucun d'entre vous n'avait d'ombre », dit-il de façon honnête. « Je pensais que les personnes capables de capturer les rêves n'en avaient pas et que c'était pourquoi elles collectaient ceux qui appartenaient aux autres. »
Elle ne lui répondit pas. Son ombre tachetée se balançait dans la brise nocturne comme une herbe dans le vent.
Le jeune homme sans ombre était trop impatient de connaître la réponse, et malgré toute la protection que la femme pu apporter à son ombre, il parvint à trouver une occasion de s'immiscer. À la différence des rêves des créatures de forêt qui lui étaient facilement accessibles, le chemin qui menait à ce rêve était plutôt mouvementé.
Il était évident qu'elle avait caché ses secrets dans les rêves des autres, estima-t-il, mais quels étaient ses secrets au juste ? À qui appartenait le rêve où il se trouvait ?
Celui-ci était luxuriant et complexe comme la forêt. Il perdit son chemin, et avant qu'il ne s'en rende compte, les cauchemars étaient sur le point de l'envelopper.
« J'ai brisé le tabou de ceux qui capturent les rêves, mais je n'ai pas pu trouver la réponse que je cherchais, même en contemplant le puits sans fond, », pensa-t-il. « Selon elle, si je reste assez longtemps, je pourrai distinguer des noms dans leurs voix. Au moins, je pourrais connaître le propriétaire de ce rêve. »
Ainsi, il laissa les cauchemars l'entraîner dans les profondeurs. Comme la femme lui avait dit, c'était un espace sans limites et sans lumière. Il écouta attentivement tous les sons, espérant entendre des mots qui lui permettraient de déceler un nom parmi eux.
On ignorait combien de temps avait passé avant qu'il puisse enfin constituer un nom avec des fragments de sons. Ce nom semblait avoir une attirance particulière pour lui, et il ne put s'empêcher de le prononcer.
Puis il ouvrit les yeux.
« J'ai vu une scène étrange », dit-il. « Une femme est entrée dans mes rêves et les a volés, ainsi que les secrets de mon âme dont je ne connaissais pas l'existence. Depuis ce jour, je n'ai plus eu d'ombre. Je l'ai entendue m'appeler... »
« Comme tu le sais... », l'interrompit-elle, « Il ne faut pas prononcer les noms des morts ou ils te pourchasseront... »
La personne capturant les rêves était assise près du ruisseau murmurant. Son ombre tachetée se balançait toujours dans la brise nocturne, telle une herbe dans le vent.
« Ce n'est qu'une histoire sur les morts. Je t'en ai raconté beaucoup auparavant, mais celles que tu ne connais pas sont encore plus nombreuses. »
Et ainsi, elle continua à raconter au jeune homme sans ombre des histoires que personne ne connaissait...

Les mille nuits - II

Les mille nuits - II
Les mille nuits - IINameLes mille nuits - II
Type (Ingame)Objet de quête
FamilyBook, Les mille nuits
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DescriptionUn chercheur errant a autrefois traversé forêts tropicales, déserts et villes pendant une période de grande catastrophe, collectant de nombreuses histoires en cours de route. On dit que son œuvre originale contenait une quantité innombrable de contes et qu'il n'en reste aujourd'hui qu'une infime partie.
Conte du dastur

Il était une fois un dastur du Vahumana qui voyageait dans les confins du désert pour enquêter sur les ruines de l'ancien royaume. Malheureusement, il fut pris par une tempête de sable et se perdit. Au moment de rendre son dernier souffle, une jeune femme aux yeux d'ambre apparut devant lui. Elle fendit les sables hurlants avec son bâton et l'emmena hors du désert.

Il était déjà midi lorsqu'ils atteignirent le village. Elle le régala d'un déjeuner et lui dit qu'elle l'escorterait jusqu'à la Caravane Ribat l'après-midi. Cependant, après avoir vu la jeune mage fendre les sables et chasser les bêtes noires sur leur chemin, le dastur refusa de partir. Au contraire, il lui demanda si elle pouvait le prendre comme disciple et lui enseigner les techniques secrètes de l'ancien royaume.

La mage lui répondit que ses yeux d'ambre pouvaient voir tout ce qu'avaient vu les morts et tout ce que voyaient les vivants : des personnes sans ombre, une horloge en cuivre dont le pendule oscillait grâce à l'imagination, une baleine qui n'avait jamais quitté la terre, une ville qui n'existait que sous le clair de lune reflété par les miroirs, un chercheur emprisonné par l'éternité, une tour suspendue par sept cordes. Elle vit néanmoins son talent inégalé et son avenir prometteur, et était prête à lui enseigner tout ce qu'elle savait. Cependant, la mage craignait qu'il exploite ses capacités pour son propre gain, sans lui accorder aucun crédit.

Le dastur s'agenouilla au sol et embrassa le bout de ses chaussures. Il lui promit que quoi qu'il arrive, il n'oublierait jamais ce qu'elle avait fait pour lui, et qu'il ne la renierait jamais, même s'ils devaient mourir ensemble. Sa sincérité émut la jeune mage. Arborant un doux sourire, elle l'aida à se relever, avant de lui prendre la main et de l'amener jusqu'à la porte du sous-sol. Elle lui dit qu'elle le prendrait comme disciple, et que tous les secrets qu'elle savait étaient cachés dans la bibliothèque souterraine.

Ils descendirent l'escalier en colimaçon, un étage après l'autre, dont chacun avait un miroir accroché au mur qui reflétait la faible lumière de la torche et leurs visages. Il ne savait pas combien de temps ils avaient marché. Peut-être des heures ? Quelques minutes ? L'obscurité lui avait fait perdre la notion du temps. Au bout de l'escalier se trouvait une porte étroite, derrière laquelle se dressait une bibliothèque hexagonale. Il ne pouvait pas voir le plafond, ni estimer la hauteur de la pièce, mais la diversité des livres stockés ici dépassait de loin toute son imagination de la connaissance.

Son apprentissage se déroulait plutôt bien sous la tutelle de la mage. Toutefois, quelques semaines plus tard, des envoyés du Temple du silence arrivèrent au village et annoncèrent au dastur que son tuteur avait succombé à la maladie, et qu'étant donné que la thèse qu'il avait soumise était approuvée, l'Académie avait exceptionnellement décidé de le promouvoir herbad pour qu'il prenne la relève de son tuteur et continue d'enseigner aux étudiants. Le nouvel herbad fut fou de joie, mais il ne voulait pas partir comme cela. Il demanda à la mage si elle pouvait apporter des livres et se rendre à l'Académie avec lui pour continuer son apprentissage. La jeune mage accepta son invitation, mais lui dit également qu'elle avait une sœur qui avait toujours rêvé de faire ses études à l'Académie, mais n'avait jamais été acceptée parce qu'elle était née dans le désert. Elle espérait que l'herbad pourrait la laisser assister à ses enseignements comme auditrice libre. Celui-ci lui répondit que l'Académie avait un strict processus d'examen en matière d'inscription des étudiants et qu'il ne pouvait pas faire d'exception pour une auditrice libre. La mage ne dit rien de plus et fit simplement ses bagages pour se rendre à Sumeru avec lui.

Quelques années plus tard, le sage du Vahumana décéda. Grâce aux thèses révolutionnaires qu'il avait écrites avec l'aide de la mage, il n'était pas surprenant que l'herbad ait été choisi pour lui succéder. La mage le félicita, et lui demanda s'il pouvait prendre sa sœur comme auditrice libre, maintenant qu'il était sage. Ce dernier la refusa, sous prétexte qu'il n'avait aucune obligation de le faire et que son aide ne lui était plus nécessaire car il n'avait plus à écrire de thèses. Il lui conseilla de retourner à son village et d'y passer le reste de sa vie en paix. La mage ne dit rien de plus. Elle fit simplement ses bagages pour retourner seule dans le désert.

Encore quelques années plus tard, le grand sage décéda, le sage du Vahumana fut sélectionné pour occuper ce poste. Ayant appris cette nouvelle, la mage quitta le désert précipitamment pour aller voir le grand sage. Elle s'agenouilla au sol et embrassa le bout de ses chaussures, avant de lui rappeler la promesse qu'il lui avait faite et le supplia d'accepter que les habitants de sa tribu, qui avaient perdu leur foyer à cause des tempêtes de sable, puissent se réfugier dans la forêt tropicale. Le grand sage dit furieusement qu'il l'enfermerait dans une prison de bronze et la laisserait mourir de faim et de soif, car il ne connaissait guère cette charlatane du désert qui osait dire de telles bêtises pour forcer la main de l'Académie. La mage, qui n'était plus jeune, releva la tête et essuya les larmes de ses joues. Elle regarda une dernière fois le grand sage avec ses yeux d'ambre qui n'étaient plus aussi clairs et lui supplia de lui permettre de retourner au village pour aider les habitants de sa tribu. Le grand sage la refusa et demanda aux gardes de la ligoter. La mage ne dit rien de plus, à l'exception de :

« Dans ce cas, je vous demande de retourner dans votre propre village. »

Le grand sage sursauta et leva la tête, et réalisa qu'il se tenait devant la Caravane Ribat. Il se faisait tard. Enveloppé des sables dans la nuit, le village lointain n'était pas bien visible. La jeune femme devant lui sourit doucement. Dans ses yeux d'ambre était reflétée son apparence : un dastur du Vahumana dont la thèse n'était pas encore approuvée.

« Bon, il se fait tard et vous devez rentrer à l'Académie maintenant. Après tout, comme le disent les histoires... »

Les mille nuits - III

Les mille nuits - III
Les mille nuits - IIINameLes mille nuits - III
Type (Ingame)Objet de quête
FamilyBook, Les mille nuits
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DescriptionUn chercheur errant a autrefois traversé forêts tropicales, déserts et villes pendant une période de grande catastrophe, collectant de nombreuses histoires en cours de route. On dit que son œuvre originale contenait une quantité innombrable de contes et qu'il n'en reste aujourd'hui qu'une infime partie.
Conte du prince et de la bête de somme

Il y a fort longtemps, à l'époque où le Port Ormos était gouverné par les deys qui exploraient les mers, existait un dey particulièrement valeureux. Il avait conquis d'innombrables îles et donjons, ce qui lui avait valu de nombreux trésors qui firent de lui le plus riche du Port Ormos. Cependant, en raison de sa vie de marin qui dura de longues années, ce ne fut que dans ses dernières années que le dey eut finalement un fils unique, mais il décéda avant que le prince n'atteigne l'âge adulte.
Ayant hérité de la grande richesse de son père, le jeune prince n'était cependant pas capable d'en commander les subordonnés. Élevé par des parents aux valeurs morales douteuses, il ne fallut pas longtemps avant qu'il ne mène une vie hédoniste. Les rues prospères du Port Ormos étaient telle une bête qui avalait de l'or. Le prince dilapida l'héritage de son père en quelques années avant d'être lourdement endetté. Lorsqu'il se ressaisit, les murs de sa demeure étaient nus. Plus un seul mora ne s'y trouvait. Après l'avoir vendue et renvoyé le dernier serviteur, le prince n'avait nul autre choix que de se rendre au temple en ville dédié à une ancienne divinité protectrice des marins, qui n'aurait jamais été aussi prestigieux sans son père.
Le prince demanda de l'aide au prêtre du temple : « Sage aîné, je suis le fils du dey qui avait conquis les sept mers, mais je suis ruiné à cause de mes prodigalités. Ayez pitié de moi, je vous en supplie. Montrez-moi un moyen rapide de rembourser mes dettes et de racheter ma demeure. Je vous jure que je prendrai un nouveau départ et me comporterai avec raison et retenue. »
« Jeune prince », dit le prêtre, « Le destin des mortels a été écrit par les dieux, mais il doit être accompli par eux-mêmes. Si vous souhaitez prendre un nouveau départ, ne devriez-vous pas commencer par travailler dur au lieu d'être opportuniste ? »
Le prince répondit d'un air mécontent : « Mon père avait fait de nombreux dons à ce temple. La moitié de ces statues en or, et vos dépenses, m'appartiennent de droit. N'ai-je pas le droit de venir récupérer ce qui m'est dû ? »
« Prince arrogant, cela n'est pas permis avec les dieux ! » Le prêtre soupira. « Par égard de votre père, si vous promettez de vous contenter de ce dont vous disposez et vivre votre vie honnêtement, je vous dirai comment redevenir riche. »
Le prince jura de respecter cette promesse sur la statue de la divinité et le prêtre le redirigea ensuite vers le marché près du port. À son arrivée, le prince rencontra une femme richement habillée qui s'occupait d'une bête de somme décharnée.
Le prince lui demanda : « Madame, puis-je faire quelque chose pour vous ? »
« Vous arrivez au bon moment », répondit la dame. « Je dois partir en mer pour quelque chose d'urgent, et je crains que personne ne puisse s'occuper de cette bête. Si vous pouvez m'aider, je vous paierai dix millions de moras quand je reviendrai dans trois mois. »
Le prince se réjouit de la demande.
« Cependant... », poursuivit-elle, « Vous ne devrez pas la nourrir jusqu'à ce que son estomac soit rempli, ni parler avec elle. Sinon, vous perdrez tout, même ce que vous possédez maintenant. »
« Qu'ai-je à perdre ? », pensa le prince. Il accepta volontiers et la femme lui confia ensuite sa bête de somme. Trois mois passèrent vite. Comme la femme l'avait demandé, le prince donna juste assez à manger à la bête de somme sans lui remplir l'estomac, ni lui dit un seul mot, jusqu'au soir du dernier jour.
Ce jour-là, il imaginait déjà la vie qu'il mènerait avec la récompense qui serait bientôt sienne. Le prince dit à la bête de somme sur un coup de tête : « Ô chère bête de somme, c'est grâce à toi que je vais redevenir riche. Si tu as une quelconque requête, dis-la-moi et je la satisferai. »
En entendant ces mots, la bête de somme se mit à pleurer : « Ô mon prince, je n'ai d'autre souhait que de bien manger en ce dernier jour. »
Le prince fut choqué de l'entendre parler. Poussé par la curiosité, il oublia les paroles de la femme et se retourna pour lui mettre de l'eau et du foin de la mangeoire.
« Mon bon prince », dit la bête de somme bien régalée, « J'étais un dieu au service des cieux qui régnait sur les rois vassaux dans le vaste désert, mais la sorcière malveillante m'a trompé et m'a fait prendre cette forme. Si vous avez pitié de moi et me libérez dans le désert, je jure sur le roi du soleil de vous offrir des richesses infinies, beaucoup plus que ce que la sorcière vous donnera. »
Le prince ne fut pas complètement convaincu de ce qu'avait dit la bête de somme. Il décida de la cacher et se dissimula dans un coin pour attendre le retour de la femme.
Le lendemain, la femme revint au marché comme prévu, mais elle ne trouva ni le prince ni la bête de somme.
« Perfide mendiant ! » maudit la femme. « Si je t'attrape, je t'enfermerai dans la plus petite lampe magique pour que tu y souffres pour l'éternité ! »
En la voyant ainsi, le prince fit enfin confiance aux paroles de la bête de somme. Après le départ de la femme, il se prépara à libérer la bête. Avant de partir, cette dernière dit au prince : « Ô prince miséricordieux, que les dieux du désert vous protègent. Je tiendrai ma promesse et vous offrirai d'innombrables richesses et un bonheur infini. Toutefois, ne demandez jamais d'où ils viennent. Sinon, vous perdrez tout, même ce que vous possédez maintenant. »
En suivant les indications de la bête de somme, le prince arriva dans un endroit caché au bord du désert, où il découvrit un magnifique palais. Tous les murs étaient décorés d'or et de pierres précieuses, tandis que le portail était en or pur. Un charmant serviteur l'accueillit à la porte avec de nombreuses belles femmes.
Depuis lors, le prince vit à nouveau dans la débauche. Chaque jour, le serviteur lui apportait en abondance de l'or, de l'argent, des pierres précieuses, ainsi que des mets et du vin exquis. Les musiciens et les danseuses qui lui tenaient compagnie changeaient tous les jours. Telle fut sa vie pendant trois ans.
Mais même l'expérience la plus agréable avait fini par devenir ennuyeuse. Un jour, le prince se réveilla après des jours d'ivresse et se dit : « Je me lasse de ma vie actuelle, j'ai besoin de vivre de nouvelles choses palpitantes. J'ai obtenu cette vie merveilleuse, parce que je n'avais pas fait comme la sorcière avait dit. La bête de somme qui s'est autoproclamée roi m'a peut-être caché quelque chose de peur que je découvre son secret ? Si je peux trouver la source de cette richesse infinie, je serai sûrement encore plus heureux. »
Le prince appela ainsi son fidèle serviteur et lui demanda : « Mon loyal serviteur, pourrais-tu me dire d'où viennent l'or, l'argent, les mets, le vin, les danseuses et les musiciens que tu m'apportes chaque jour ? »
« Bien sûr que oui, mon respectable maître », répondit le serviteur. « Chaque jour, je me déplace entre le palais et le désert, d'où vient tout ce dont vous profitez chaque jour. Vos belles danseuses étaient des anguilles du désert, l'or scintillant est du sable et c'est moi qui vous prépare les délicieux mets que vous mangez. »
« Votre fidèle serviteur... » Il fit une pause, « ... n'est rien d'autre qu'un humble scarabée. »
À ces mots, le palais magnifique s'effondra en un clin d'œil. Le prince se retrouva assis sur une petite dune. Il n'y avait plus rien autour de lui, sauf un insecte rampant.
Bien longtemps après, le prince reprit ses esprits. Choqué et effrayé, il ne put s'empêcher d'être triste et plein de remords. Il ne pouvait pas retrouver facilement tout ce qu'il avait perdu. Le prince fut condamné à errer, sans connaître la moindre once de bonheur. Il racontait son histoire à tous ceux qui voulaient bien l'écouter...

Les mille nuits - IV

Les mille nuits - IV
Les mille nuits - IVNameLes mille nuits - IV
Type (Ingame)Objet de quête
FamilyBook, Les mille nuits
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DescriptionUn chercheur errant a autrefois traversé forêts tropicales, déserts et villes pendant une période de grande catastrophe, collectant de nombreuses histoires en cours de route. On dit que son œuvre originale contenait une quantité innombrable de contes et qu'il n'en reste aujourd'hui qu'une infime partie.
Conte du chercheur

Il était une fois un chercheur sur lequel on retrouvait toutes les caractéristiques de l'homme de lettres hautain, même si lui-même — et nous resterons ici généreux — n'était pas le meilleur parmi ses pairs.
La connaissance est comme un fruit, après tout, et le temps ronge rapidement sa fraîcheur. S'il ne peut pas tout manger pendant qu'elle est encore juteuse et pleine, le reste aura un goût de pourriture sucrée.
« Ô temps », déclarait le jeune chercheur, « tu es vraiment mon ennemi juré — encore plus que mes collègues ».
Hélas, des caractéristiques innées telles que la paresse ne peuvent pas être si facilement surmontées. Ainsi, les hivers se sont transformés en étés et vice versa, apportant gloire et louanges à ses « collègues détestés », tandis que lui restait avec les cicatrices des années passées.
C'était peut-être un tour du destin, mais notre protagoniste principal découvrirait en effet un moyen de concrétiser son souhait... Tout à fait par accident, en fait.
« Le temps semble juste, mais ce n'est qu'une facette. Que je ne sois pas aussi vif d'esprit que les autres n'est pas dû à un manque de talent. Non, c'est la cruauté du temps... » Ainsi pensait le chercheur, qu'on ne pouvait maintenant plus qualifier de jeune. « Maintenant que ma chance est venue, je dois bien l'utiliser. »...
Et donc il fit ce vœu au djinn blessé : « Je souhaite que le temps soit juste... afin que je puisse écrire de meilleures thèses ».
Le djinn, le comprenant assez facilement, déclara : « Toute chose a un prix ».
« Eh bien, oui, et j'ai déjà payé une partie de ce coût », dit-il en haussant les épaules. « J'ai gaspillé ma jeunesse dans des poursuites inutiles. Maintenant que les choses en sont arrivées à ce point, je ne désire plus les joies communes. Je souhaite seulement laisser derrière moi une œuvre d'un éclat époustouflant et que mon nom soit loué pendant des générations. Je ne souhaite pas que mon travail soit laissé sur de l'encre et du papier périssables, mais qu'il soit plutôt gravé dans la pierre. Des milliers d'années plus tard, mes marques seront encore laissées sur ce monde... Et de cette façon, j'aurai ma justice ! Je triompherai du temps ! »
« Si telle est votre volonté... », répondit vaguement le djinn, exauçant toutefois le souhait du chercheur.
Mais que ce fut vraiment un djinn ou bien un démon déguisé est un sujet de discorde, surtout avec le recul. Laissant cette question de côté, le chercheur dont le vœu avait été exaucé constata que tout était maintenant devenu lent par rapport à sa pensée.
« Bien, bien. Maintenant, mon agilité d'esprit ne sera plus un problème. »... Au début, le chercheur était très content. Maintenant que son esprit était éveillé, pour ainsi dire, il avait beaucoup de temps pour réfléchir. Le temps qu'il fallait à un grain de sable pour tomber par terre n'était peut-être pas suffisant pour qu'il lève la main gauche pour toucher son front, mais son esprit avait quant à lui amplement le temps de galoper à ses pensées... Et de la forêt au désert, de la vaste plaine à la toundra enneigée, il pouvait en effet galoper. Il maudit alors le fait que toutes les pages d'un livre ne pouvaient pas être disposées à plat, mais devaient être péniblement feuilletées une à une. Et même s'il les avait placées devant lui, ses yeux n'auraient pas bougé assez rapidement. Au moment où ils auraient fini de se poser sur un seul mot, son cerveau aurait déjà épuisé tout le vocabulaire lié à ce mot, et toute l'imagination se rapportant à ce vocabulaire.
« Je pense trop et j'écris trop peu », pensa ensuite le chercheur. « Je dois utiliser les mots les plus élégants pour écrire l'article le plus académiquement rigoureux. »... Mais alors qu'il finissait à peine d'écrire un premier mot, ses pensées avaient déjà sauté à la conclusion. Il devait donc se répéter constamment la thèse et, à mesure qu'il se dictait son texte en silence, ce dernier devenait de plus en plus raffiné. Pourtant, cela ne pouvait se produire que dans son esprit... Quand tout était dit, sa main droite n'avait même pas encore écrit sept mots.
Et c'est ainsi que cette grande œuvre, composée du lexique le plus fin et de la logique la plus solide, a été compromise par le propre corps du chercheur. Chaque passage devenait lambeaux, comme si quelqu'un avait déchiqueté chaque page et les avait reconstituées au hasard. Les mots qui étaient connectés ressemblaient à des fragments choisis au hasard dans un texte complet, et personne ne pouvait vraiment saisir le lien entre eux.
C'était par une nuit sans étoiles que le chercheur, de toutes ses forces, comme celui qui achevait un exode séculaire, parvint à quitter son bureau pour arriver dans la cour d'en bas.
« Peut-être que parler sera plus direct qu'écrire », dit-il, un mince fil d'espoir restant dans son cœur. Mais sa voix même semblait trébucher après le tissage de ses pensées. Ses syllabes sortaient de manière décousue et fragmentaire... Comme si l'intention derrière les mots avait changé alors même qu'ils étaient prononcés, et donc ne sortaient que de simples marmonnements et gémissements.
« Hélas, pauvre vieillard ! On pourrait presque le croire possédé ! »... Ainsi parlaient les jeunes gens bien habillés qui le regardaient avec sympathie. « Mais au moins, il a encore la lune. »...
Ils partirent après avoir dit ces mots, laissant le chercheur seul dans la cour baignée de lune, piégé dans la prison qu'il appelait autrefois un corps. Puis la simple carcasse d'un homme mortel commença à se souvenir d'une histoire qu'il avait lue une fois...

Les mille nuits - V

Les mille nuits - V
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Type (Ingame)Objet de quête
FamilyBook, Les mille nuits
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DescriptionUn chercheur errant a autrefois traversé forêts tropicales, déserts et villes pendant une période de grande catastrophe, collectant de nombreuses histoires en cours de route. On dit que son œuvre originale contenait une quantité innombrable de contes et qu'il n'en reste aujourd'hui qu'une infime partie.
Conte des miroirs, du palais et de la rêveuse

Nuit après nuit, elle rêvait de ce palais lointain... Sa structure complexe était formée d'une quantité innombrable d'angles, d'arcades et de passages, et à chaque recoin était suspendu un miroir en argent aux garnitures dorées. Il a été dit que le roi avait passé deux cents ans (auxquels il faut ajouter six ans, si l'on veut suivre la numérotation des années à cette époque) à concevoir ce lieu, et lorsqu'il était assis sur son trône, il pouvait regarder dans n'importe quel miroir et à travers ses chemins de reflets délicieusement planifiés et sinueux, il pouvait apercevoir n'importe quel coin de son royaume. Pourtant, lorsqu'elle regardait dans les miroirs au bout des couloirs à l'intérieur de son rêve, elle ne voyait que sa silhouette floue : une jeune femme masquée aux beaux vêtements, portant de magnifiques ornements et marchant dans des couloirs opulents, comme un brouillard de chaleur dans l'or flamboyant du jour. Elle connaissait alors son but, bien que cela puisse sembler étrange : elle souhaitait obtenir une audience avec ce roi et lui dire quelque chose, car ces mots avaient été placés dans son cœur et n'étaient pas gouvernés par sa volonté, même si elle laissait toujours ces paroles quelque part dans les reflets déformés chaque fois qu'elle se réveillait en sursaut.
Année après année, dans ses rêves aussi clairs que l'aube, elle tentait, en échouant cependant, de trouver le chemin du trône, et elle ne voyait jamais ce roi en personne. La demoiselle autrefois perdue parmi les miroirs était maintenant une magicienne célèbre, et pourtant, dans ces moments de rêve volés, dans ces éclairs de lucidité inconsciente, ces pensées fantastiques tenaient encore son âme dans leur poigne de fer. Un jour, la grande mage découvrit des indices pour atteindre enfin ce royaume lointain. Abandonnant tout ce qui pouvait être cher aux mondains, elle partit seule pour son périple. À travers le clair de lune tacheté elle navigua, à travers les vallées ombragées elle parcourut, et à travers les forêts sombres elle brava, jusqu'à ce qu'elle atteigne enfin ce royaume de ses rêves. Mais hélas, ô hélas ! Cette ville avait été anéantie dans un terrible incendie il y a quelques centaines d'années, et le royaume autrefois prospère n'était plus. C'est comme le disent les poètes :

Brise du matin, oubliée par le passé ;
Chant et couleur, disparus de la vue ;
Des hautes tours, seule la faible clarté ;
Qui éclaire la nuit, pâle et dépourvue.

Elle entra dans le palais dévasté et parcourut ses ruines. Les miroirs et leurs cadres dorés avaient été brisés depuis longtemps, et il ne restait plus que leurs éclats, reflétant les rayons du clair de lune glacial. Le palais n'était pas aussi bizarre ou étrange qu'il l'avait été dans ses rêves... Après quelques recoins et couloirs, elle frappa à la porte de la salle du trône. C'était une salle circulaire avec des centaines de miroirs suspendus aux murs de pierre... Même si, comme les miroirs des couloirs, ceux-ci avaient également été pour la plupart détruits. La mage marcha inconsciemment vers ce trône depuis longtemps vacant et s'assit, jetant son regard sur l'un des miroirs encore entiers.
Dans ce miroir, elle vit à nouveau cette jeune femme masquée et vêtue de beaux vêtements, marchant au milieu des salles opulentes... Et derrière elle, les miroirs, miroirs qui n'avaient jamais été brisés, reflétaient mille reflets de sa silhouette.
Elle sursauta et leva la tête, car cette jeune femme se tenait maintenant devant elle, la regardant silencieusement, une douleur inimaginable dans les yeux. La mage venait à peine de penser à quelque chose à dire lorsque la femme sortit une dague... Avant de la poignarder au cœur. Une rose brillante ornait la pointe silencieuse de la lame alors que des flammes s'allumaient tout autour d'elles, consumant à nouveau la salle qui avait été autrefois détruite par un grand incendie.
Elle sourit de confusion, d'étonnement et de soulagement, car la femme enleva alors son masque, révélant les traits de la mage elle-même, ses lèvres sèches tremblant très légèrement.
Cette fois, la mage pouvait enfin entendre les mots de l'autre personne... Des mots qui s'étaient perdus au fil des décennies et des siècles dans ce rêve labyrinthique et sa perplexité. C'était une histoire, une histoire racontée par elle à elle-même, une histoire reflétée dans des milliers d'éclats d'argent brisés, résonnant encore et encore, pour toujours...

Les mille nuits - VI

Les mille nuits - VI
Les mille nuits - VINameLes mille nuits - VI
Type (Ingame)Objet de quête
FamilyBook, Les mille nuits
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DescriptionUn chercheur errant a autrefois traversé forêts tropicales, déserts et villes pendant une période de grande catastrophe, collectant de nombreuses histoires en cours de route. On dit que son œuvre originale contenait une quantité innombrable de contes et qu'il n'en reste aujourd'hui qu'une infime partie.
Conte du chasseur d'oiseaux

Ceci est l'histoire d'un vieux chasseur d'oiseaux.
Au nord du royaume se trouve une forêt dense abritant une volée d'oiseaux capables d'imiter les paroles des humains. Ces volatiles se rassemblent souvent comme un nuage à l'aube, et alors qu'ils volent dans la forêt, des teintes irisées dansent sur leurs ailes déployées et leurs bavardages résonnent autour des cimes des arbres. Mais ces créatures ne sont pas seules, car un vieil homme frêle vêtu de haillons en lambeaux est toujours là, passant sa journée à les poursuivre comme un sauvage.
Tout comme un arbre imposant était autrefois tendre et délicat, ce vieil homme était auparavant beau et élégant. Ayant grandi dans un village au bord de la forêt, il était svelte et gentil, très aimé de tous. Toutes les filles du village l'adoraient, mais son cœur ne battait que pour un amour : une jeune prêtresse servant dans la forêt dont les miracles divins le fascinaient.
Le jeune homme pensait souvent qu'il abandonnerait tout pour être avec la jeune fille, jusqu'à ce que la mort les sépare.
Hélas, ce qui est doux ne dure jamais : une guerre impitoyable éclata et les jeunes furent enrôlés, y compris le jeune homme en question. Avant de partir pour le champ de bataille, il vit l'élue de son cœur pleurer pour la première fois. Des larmes coulèrent sur ses joues comme la rosée tombant d'une feuille verte... Puis tombèrent dans son cœur de jeune romantique éperdu. Ignorant pourtant la véritable raison de la mélancolie de la jeune fille, il fit nombre de promesses hâtives, souhaitant apaiser le chagrin de sa demoiselle... Un chagrin causé par son départ, comme il le pensait alors naïvement.
La peine écrite sur le visage, la jeune fille ne donna aucune réponse à ses belles déclarations. Après un bref silence pourtant, elle annonça qu'elle enverrait des oiseaux parlants pour relayer ses pensées. C'était une utilisation inhabituelle de son pouvoir, mais le jeune homme vit cet acte comme un moyen pour elle de s'assurer de son amour.
Alors il acquiesça.
Le jeune homme partit le lendemain pour honorer son devoir envers son royaume. Ce serait bientôt terminé, pensa-t-il... Mais la réalité finit par lui donner tort : la guerre s'éternisa. Ce n'est que lorsque de la barbe avait poussé sur son menton et que ses yeux et ses mains étaient devenus durcis par le combat que la poussière des conflits retomba finalement.
Son seul réconfort dans cette guerre brutale était les oiseaux de sa ville natale. Comme guidés par les dieux, ils s'arrangeaient toujours pour venir à lui lors des nuits calmes, portant les paroles de sa belle : les murmures de son désir doux lui racontaient les changements du village ou encore quelques courts vers qu'elle lui dédiait.
La séparation prolongée n'avait en rien diminué son amour pour elle. Au contraire, ses sentiments devenaient plus profonds, telle la fondation de son être, ancrée dans son cœur.
Lorsque la guerre arriva finalement à son terme, il s'empressa de rentrer chez lui pour demander la main de sa bien-aimée, découvrant alors qu'elle avait péri par une nuit froide suite à une violente maladie peu de temps après son départ.
Le jeune homme refusa de l'accepter, car il avait reçu la visite d'un oiseau parlant la veille même, lui déclamant la belle prose de sa jeune prêtresse.
Il fit ensuite irruption dans la chambre close de sa promise... Mais alors que la lumière du soleil remplissait la pièce sombre, elle réveilla ce qu'il y avait à l'intérieur : d'innombrables oiseaux enchantés attendant d'être sortis de leur profond sommeil. En un instant, les oiseaux se précipitèrent de part et d'autre de lui, battant des ailes près de ses oreilles, et s'envolèrent par la porte ouverte jusqu'au ciel comme un nuage éthéré, retournant dans les arbres qu'ils considéraient comme leur foyer. À la fin, le jeune homme se tenait seul, la chambre vide de son amour devant ses yeux.
Il comprit finalement pourquoi la jeune fille avait fait cet arrangement des plus inhabituels avec cette expression attristée sur son visage la nuit où ils se séparèrent.
Un arrangement pour toute une vie... Sur son lit de mort, elle avait dû apprendre aux oiseaux d'innombrables mots, plus que suffisant pour emplir chacune de ses nuits depuis lors d'un scintillement d'espoir.
Les oiseaux vivent bien plus longtemps que les humains ne le pensent. Depuis ce jour, le jeune homme poursuit ces volatiles parlants dans la forêt. Dans leurs voix, il cherche à retrouver l'âme de sa bien-aimée, à se repentir de son péché d'avoir dispersé son amour dans les bois. Fou mais infatigable, le jeune homme n'a pas cessé sa chasse un seul jour alors qu'il s'est transformé en homme d'âge moyen, avant de devenir un vieil homme. Les oiseaux qui parlent ne parlent plus de rien et leur nombre a bien diminué, mais... Et s'il y en avait encore un qu'il n'a pas rencontré... Un oiseau portant un message d'elle qu'il n'a pas encore entendu ? Son obsession piège le chasseur d'oiseaux dans la forêt, et sur son visage est écrit le bilan des années.
Il installe habilement des pièges pour attraper les oiseaux et les garde dans une cage, leur caressant le cou, jouant avec eux et leur donnant les meilleures graines et l'eau la plus claire de la forêt. Alors, il leur dit : « Parlez, oiseaux parlants, parlez de mon amour, que la forêt a tant aimé. Parlez de ce qu'elle vous a enseigné. »...
Et ainsi, les oiseaux généreusement nourris racontent parfois une telle histoire...

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